Le Curriculum Vitae, mot latin signifiant littéralement « déroulement de la vie », même si la formule « parcours de vie » est la plus utilisée en français, constitue le passeport obligé dans votre recherche d’emploi. Ce document remonterait selon les historiens à 1482 lorsque Leonardo Da Vinci aurait pour la première fois « vendu » ses compétences au Duc de Milan. Il s’agit peut-être de la naissance du « Marketing de soi ». Depuis lors, il peut sembler que le CV ait connu une grande évolution, passant par différentes tendances, allant même jusqu’à des changements de formats (du simple formulaire au CV vidéo, en passant par le CV en ligne et créatif), mais dans les faits, il a toujours gardé le même objectif : présenter son parcours de vie axé sur le côté professionnel. Aujourd’hui incontournable, il n’en demeure pas moins énigmatique car il est très difficile de deviner ce qu’il se passe dans le bureau des recruteurs. Seule information indicative : ils passent entre 15 et 30 secondes en moyenne sur ce document puisqu’il y a souvent des dizaines, voire centaines, de dossiers pour un seul poste. Comment faire la différence en si peu de temps et au milieu de tant de candidats ?
Le CV est-il un formulaire avec un format prédéfini à respecter ? Généralement, on répertorie en Suisse deux formes de CV :
Les CV (anté)chronologiques, dans lesquels le temps est la référence
Les CV thématiques, dans lesquels on organise l’information par thèmes ou compétences
Le choix de l’une de ces deux possibilités dépend bien entendu de notre formation, de la complexité du métier que l’on pratique, ainsi que de la longueur, la cohérence et la richesse de notre parcours.
Si on repense à Leonardo Da Vinci, on peut se demander lequel de ces deux formats il avait choisi. Mais il est très probable que visionnaire comme il l’était, il soit sorti d’un cadre qui à l’époque n’existait tout simplement pas encore. Ce cadre qui nous empêche bien souvent de présenter nos compétences à leur juste valeur. Le fameux « on m’a dit que … » :
" On m’a dit que le CV devait tenir sur une page et qu’il ne fallait pas mettre sa date de naissance lorsqu’on a plus de 55 ans. On m’a dit que la photo n’est pas obligatoire et qu’il ne faut plus mettre ses références. On m’a dit qu’il ne fallait pas avoir de trou dans la chronologie et que trop de couleurs ce n’est pas sérieux."
Depuis toujours, le CV est plutôt considéré comme un formulaire à remplir sans réflexion autour de la manière dont les informations seront perçues. Les divers modèles d’aujourd’hui, notamment ceux que l’on peut trouver sur Word, ont commencé à changer cela durant les dernières années (même si les CV formulaires sont encore presque systématiquement utilisés au Japon et qu’il en existe en Europe - Europass). On peut donc dire que l’on est plus ouverts aujourd’hui à considérer la liberté créative qui s’offre à nous pour mettre le visuel au service du contenu, guidant ainsi le lecteur dans les informations que nous voulons qu’il voie pour renforcer le poids de notre candidature.
Le CV « Flyer »
Cette nouvelle tendance consisterait donc à considérer le CV comme un Flyer (support visuel utilisé en marketing pour faire la promotion de quelque chose), plutôt que comme un formulaire. Cela nous permet de complètement se libérer des « on m’a dit que … » pour créer un CV personnel et unique qui non seulement nous correspondra parfaitement, mais qui mettra également en valeur nos atouts.
Pourquoi ne pas utiliser un modèle ? Il est facile de répondre à cette question en tirant un parallèle avec le style vestimentaire. Le « CV formulaire » s’apparenterait par exemple à l’uniforme militaire. Aussi triste que terne, mais permettant très rapidement au recruteur d’écarter toute personne n’étant pas en adéquation parfaite avec le profil recherché. Cela ne jouera pas en notre avantage. Le modèle Word correspondrait plutôt à aller chercher sa tenue la plus chic, pour l’occasion de sa vie, dans l’armoire de sa grande sœur ou de son grand frère. Les recruteurs qui se voient parfois forcés de trier plus de 100 dossiers par jour, auront vu et revu ce modèle et cela n’attirera pas du tout leur attention. Pire, cela pourrait même être perçu comme un manque d’implication et d’efforts, voire d’intérêt réel pour le poste. Alors comme pour vos habits, trouvez votre propre style de CV !
AIDA: Attention - Intérêt - Désir - Action
Quel est donc le secret d’un CV Flyer réussi ? Il y a d’innombrables éléments qui entrent en jeu lorsqu’il faut répondre à cette question, mais le plus important est sans équivoque qu’il faut réussir à guider le lecteur dans les informations afin qu’il puisse voir les plus pertinentes durant les 15 à 30 secondes qu’il peut nous consacrer. Nous avons la chance aujourd’hui de pouvoir mieux analyser ce que cela implique grâce aux publications sur les réseaux sociaux. En effet, chacun d’entre nous passe un temps limité, même s’il peut être important, sur Instagram, Facebook, Twitter et autres LinkedIn. Lorsque nous le faisons, nous sommes un peu dans la situation du recruteur. Nous avons nos affinités, mais la manière dont les informations sont présentées va beaucoup influencer la lecture d’une publication et le temps que l’on va passer dessus. Une méthode Marketing nommée AIDA nous aide à comprendre ce processus de sélection à travers 4 étapes qui se succèdent et où chacune dépend des précédentes pour exister :
Attention
Tout d’abord, il faut donc attirer l’attention. Danger : si on le fait au détriment de notre sérieux (sauf dans le cas où l’humour serait un atout pour le poste), cela sera handicapant pour la 2e étape : nous n’éveillerons pas l’intérêt du recruteur. Donc attirer l’attention oui, mais de manière cohérente avec ce qui suit. Première règle, comme nous l’avons déjà vu plus haut, ne pas utiliser les modèles que les recruteurs sont fatigués de voir chaque jour et qui sont limitants pour raconter notre parcours le plus adéquatement possible. Il est tout à fait possible, voire conseillé dans la presque totalité des cas, de mettre des couleurs dans son CV. Il y a une infinité de raisons qui font que cela est plus attrayant, mais demandez-vous simplement combien de Flyer et de publications sont en noir et blanc. Pour le choix des couleurs, bien que celles-ci devraient représenter au mieux votre personnalité, ne vous contentez pas de choisir vos couleurs préférées, pensez également à leur pertinence pour le domaine et le poste (https://docngo.com/actualites/les-significations-marketing-des-couleurs/). À moins que vous soyez dans un domaine très créatif, opté pour de la simplicité, de la structure et de la cohérence, sans vouloir à tout prix remplir chaque espace, car un CV aéré est plus facile et agréable à lire (https://www.amazon.fr/White-Space-Your-Enemy-Communicating/dp/0240824148). Cela veut donc également dire que l’on peut tout à fait passer sur deux pages si cela facilite la lecture.
Intérêt
Une fois que vous aurez titillez la curiosité du lecteur par votre design épuré, aéré et créatif, il faudra le convaincre qu’il ne perd pas son temps. En gardant en tête le maximum de 30 secondes qu’il a à sa disposition pour vous lire, il faudra l’aider à voir l’essentiel selon le modèle ci-contre.
Nous pensons à tort que notre responsabilité est de mettre toutes les informations et que celle du recruteur est de chercher là-dedans ce qu’il lui faut. C’est totalement faux car le recruteur ne doit absolument rien à aucun candidat.
C’est donc à vous de faciliter sa compréhension de votre parcours en triant et structurant, afin de mettre les bonnes informations au bon endroit, de telle manière à ce qu’il ait une vision à la fois globale et détaillée de ce que vous pouvez lui apporter pour ce poste précis et dans son entreprise. Il est donc essentiel de choisir méticuleusement les informations que vous mettrez dans les zones de pertinence.
En ce sens, de nombreuses recherches montrent l’importance de la photo sur le CV : plus de réponses et plus d’entretiens lorsqu’elle est présente. Cela peut être considéré comme limitant puisqu’on tiendrait plus en compte ce que dégage physiquement la personne sur une seule instantanée que sur toute sa vie professionnelle. Il y a deux raisons très simples à cela. Tout d’abord, l’un des biais psychologiques les plus connus : l’effet de Halo (https://www.youtube.com/watch?v=xJO5GstqTSY). Ensuite, les éléments que les candidats placent le plus dans la première zone de perception sont le plus souvent les coordonnées, comme si le plus important était que le recruteur trouve leur numéro de téléphone (ne vous en faites pas, s’il est intéressé, il le trouvera sur le document) et… la photo. Donc si vous mettez en priorité la photo et votre nom en police 20 comme si vous étiez une star, il ne faut pas s’étonner que le recruteur ne retienne que le fait que vous vous nommiez Arthur et que vous ayez l’air un peu stressé sur la photo, pour faire son choix final.
Il serait plus sensé de placer à l’endroit de pertinence un résumé de vos compétences et atouts les plus importants pour le poste afin qu’en un seul coup d’œil le recruteur soit en mesure de comprendre que vous avez tout ce qu’il lui faut.
Désir
Vous avez attiré son regard grâce à votre design classe, adapté et unique, puis réveillé son intérêt en lui montrant à travers un résumé de vos compétences, que vous avez ce qu’il cherche. Reste à présent à attiser son désir pour qu’il passe à l’action. Comment faire cela ?
Le recruteur est sur le point de poser votre dossier dans sa pile de « peut-être » et là, il voit que vous avez écrit un petit « objectif ». Il ne s’agit donc plus d’un CV général que l’on donne partout, un simple formulaire. Il est en présence d’un document créer dans l’unique but de lui montrer que non seulement vous avez la personnalité, les compétences, ainsi que l’expérience qu’il recherche, mais qu’en plus, vous vous projetez dans le poste et l’entreprise. Ces quelques lignes rendent ainsi le CV ciblé et spécifique. Alors, si votre objectif lui parle et qu’il est bien écrit, il aura envie de vous rencontrer et votre dossier sera alors « hors-concours ».
Action
Dernière étape. Les 30 secondes sont passées, mais il n’arrive plus à lever le regard. Il veut en voir plus et va donc regarder le détail de vos expériences et vos employeurs. Ceux-ci doivent être très bien détaillés car contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les recruteurs ne vont analyser les certificats de travail (voire même ne lire la lettre de motivation) que s’il y a déjà un intérêt pour le dossier. Là encore, il est possible d’être créatif. Si vous avez une carrière courte et harmonieuse, il vous sera alors possible d’insérer le détail des activités directement en-dessous du titre des postes. Cependant, si vous avez une longue carrière ou qu’elle est un peu chaotique, rien ne vous empêche de regrouper et trier afin de mettre en évidence certaines choses plutôt que d’autres. Le tout est d’avoir un CV dont le principal se lit en 30 secondes, mais où le détail est également présent si le recruteur veut en savoir plus. Une idée pourrait être d’élaborer un dossier de compétences à côté pour venir soutenir le CV avec des détails.
Il l’a déjà décidé, il vous appellera pour un entretien si votre lettre est convaincante… Mais comment fait-on une lettre convaincante ? C’est ce que nous vous expliquons prochainement dans un article dédié à la lettre de motivation.